La contestation actuelle en France, caractérisée par son caractère hétérogène, est alimentée par une colère profonde et la volonté du public de faire entendre sa voix. Essentiellement une extension des manifestations des “Gilets jaunes”, le “Hirak social violent” (mobilité) de 2023 est une réaction aux réformes sociales et financières du gouvernement, qui ont enragé des millions de partisans de la politique anti-gouvernementale et pro-entreprises.
Malheureusement, les tensions sociales se sont à nouveau transformées en émeutes violentes à Paris et dans d’autres grandes villes françaises, avec des militants déterminés affrontant la police, qui a riposté avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. On peut se demander pourquoi les manifestations en France deviennent souvent violentes, même en période de paix.
Malgré le cycle continu de violence sociale et politique en France, il y a un côté positif : il a mis au premier plan les problèmes critiques des inégalités socio-économiques et de la faillite politique. Le gouvernement, les partis politiques conventionnels et les mouvements syndicaux ont tous été impliqués, soulignant l’échec des deux piliers d’un processus démocratique sain : la concentration et la négociation. Le président Emmanuel Macron y a joué un rôle important en employant une stratégie de “diviser pour mieux régner”, qui a conduit à l’implosion du Parti socialiste en 2017 et à l’explosion du Parti républicain (LR) en 2022. Son long terme La stratégie au pouvoir, qui consiste à imposer des réformes en costume de « renaissance », n’a pas atteint les résultats escomptés.
Malgré ses espoirs que les corps intermédiaires institutionnalisés, tels que les syndicats et les partis politiques, soient morts en 2018, le style de gouvernement non conventionnel de Macron n’a fait qu’exacerber la situation, alimentant davantage le mécontentement du public. Cependant, lors de sa soirée de réélection l’an dernier, il a promis de gouverner différemment pendant les cinq prochaines années, mais il reste à voir s’il pourra tenir cette promesse. Néanmoins, les protestations en cours ont réuni les mouvements syndicaux CGT-CFDT d’une manière dont personne n’avait jamais rêvé, offrant une lueur d’espoir pour un avenir meilleur.
Arrogance, Mauvais Jugement
La gestion par la France de la pandémie de COVID-19 et du conflit en cours en Ukraine a eu un impact significatif sur son économie et sa diplomatie. Ces facteurs externes n’ont fait qu’ajouter à la frustration et à la colère des Français, entraînant des affrontements entre manifestants et policiers anti-émeutes dans les rues de Paris. Cela a laissé de nombreux membres de l’élite de gauche, des politiciens et des médias s’interroger sur la capacité du gouvernement à gérer la situation.
Un incident récent enregistré par le journal Le Monde met en évidence la tension croissante entre le gouvernement et le peuple. Lors d’une manifestation contre la réforme des retraites du gouvernement, plusieurs policiers ont été entendus menaçant des jeunes arrêtés lors de la manifestation. Cet incident n’est qu’un exemple du mécontentement croissant à l’égard du style de leadership de Macron et de son refus de l’opposition et des mouvements de protestation.
L’état de déni de Macron envers l’opposition en général et le mouvement de protestation en particulier crée un récit anti-Macron dans toute l’histoire de l’article 49-3 de la constitution. C’est un déni démocratique pour les dirigeants du mouvement syndical CGT-CFDT, les six autres syndicats de l’alliance syndicale et les partis de gauche comme La France insoumise (LFI). Ainsi, le 49-3 de la constitution est devenu la pomme de discorde de la tragédie politique française.
Le président Macron a connu un parcours politique sans encombre jusqu’à l’été 2018, lorsque le “scandale de Benalla” a secoué la scène politique et donné naissance à une opposition ravivée. Le parti d’extrême droite de Marine Le Pen a profité du scandale pour se positionner comme une véritable alternative à la politique de Macron. Bien qu’il ne soit pas actuellement préoccupé par son avenir politique, le président Macron s’inquiète de son héritage et de la façon dont l’histoire se souviendra de lui. La pandémie de COVID-19 en cours, la guerre en Ukraine, la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs et la possibilité d’un autre Mai 68 ajoutent à ses inquiétudes. Malgré cela, Macron continue de reprocher à la gauche d’être obstructionniste et à l’extrême droite d’être opportuniste.
Doctrine de la Loi et de L’ordre
L’extrême droite prend ces troubles de l’ordre public comme un manque d’autorité et de vision incarnée par le président comme une guerre urbaine pour une campagne politique narrative accrocheuse lors des prochaines élections locales, régionales et éventuellement nationales si le président optait pour le Dissolution de l’Assemblée nationale française dans les mois à venir et élection présidentielle de 2027. Néanmoins, le « nouveau » paradigme politique du président Macron l’a trouvé acculé, incompétent et emmenant la France vers l’inconnu.
Sur cette position, le président Macron et son gouvernement faible ont utilisé une tactique de diabolisation pour discréditer, et jusqu’à un certain point criminaliser, les manifestants par le recours à la violence. Pendant ce temps, il essaie de ne pas politiser le violent Hirak et ainsi d’utiliser la colère sociale et économique des gens pour les transactions quotidiennes entre son gouvernement et les mouvements syndicaux à un moment où il a fermé tous les canaux de communication avec ces derniers.
Leur colère ne porte pas sur de simples revendications sociales pour une vie décente et meilleure. C’est devenu, pour une grande majorité des manifestants, un combat personnel avec Macron, et donc, envers les institutions françaises et finalement, la police, qui a toujours le soutien total de la droite et de l’élite d’extrême droite, des médias, et des partis politiques comme le RN et la Reconquête !
Ce qui a amené certains analystes et experts en sécurité urbaine à s’interroger sur une faction du mouvement pro-gilets jaunes lors des 52 week-ends de manifestations en 2018-2019 à Paris comme ils réagissent aujourd’hui sur la mobilité violente de milliers de réformes anti-Macron en France. grandes villes comme Paris, Lille, Lyon, Rennes, Toulouse, Marseille et la ville de Sainte-Soline. Un segment de classe sociale intéressant a émergé de ce Hirak violent : un mouvement apolitique qui n’appartient pas forcément, ou est affilié à un parti politique classique.
Défis de Sécurité Intérieure, Impératif D’une Société Stable à Long Terme
Un nouveau phénomène politique inquiète les analystes politiques et les experts de l’insurrection urbaine. Cela révèle que la France est dans une crise socio-politique profonde et n’est plus divisée entre la classe aisée et la classe populaire pauvre, entre la réussite sociale privilégiée et la lutte sociale des démunis de la France métropolitaine. C’est une question d’assez de vieille politique. Ironiquement, le président Macron a été élu en 2017 sur cette histoire narrative, via un livre intitulé “Révolution”, prêchant pour mettre fin à la politique de l’ancien monde qui a empoisonné la politique française pendant des décennies.
Pourtant, la politique, en général, est basée sur le symbolisme et les mythes. Cependant, la nébuleuse des gilets jaunes – allongement du Hirak violent en cours – dévoile l’incompétence de l’administration Macron et la complaisance corporatiste de la presse biaisée.
Ces éléments de violence politique et de rejet envers l’establishment politique en général et le président en particulier avaient été orchestrés pendant le premier mandat du président Macron. Les gilets jaunes et le sentiment anti-masque dans la plupart des grandes et moyennes villes de France protestaient contre les politiques anti-fiscales et les mesures COVID-19 du gouvernement central. C’est un mouvement anti-système et politique établi que les affaires internationales et nationales actuelles ont enflammé.
Dans ces relations conflictuelles entre le président et le peuple en colère, ce dernier dit haut et fort que son mouvement est non idéologique et que leur combat avec un président technocratique entraînerait la faillite des partis politiques classiques. Leur discours alarmiste, malgré la constance du parti d’extrême droite La France insoumise (RN), ainsi que la montée des discours de haine dans le pays que les médias français ont joué un rôle majeur dans la banalisation d’une violence verbale devenue physique et dangereuse pour un société stable.
En somme, ni les Gilets jaunes, ni la frange d’extrême droite, ni les groupes de gauche radicale ne façonnent le discours politique en France. Ce sont les mouvements d’extrême gauche, qui capitalisent aussi et se positionnent comme une alternative vocale et physique à la banalisation de la violence politique, qui poussent plus loin pour une crise politique que la France n’avait jamais connue dans son histoire politique post-moderne. Si l’article 49-3 est l’outil juridique permettant à Macron et à son gouvernement de continuer à gouverner jusqu’en 2027, l’année 2023 en France ressemble à Mai 68 avec pire chaos social et conséquences d’impasse politique.
Cet article a été initialement publié sur dailysabah.com