“C’est quoi toute cette Schadenfreude ?” » a demandé un cadre allemand présent dans le public. Lorsque le ministre français des Finances Bruno Le Maire est monté à la tribune lors de la conférence annuelle franco-allemande des affaires à Evian, ville française à la frontière suisse, le 7 septembre, il a profité de l’occasion pour souligner une fois de plus le succès de l’économie française. Les chefs d’entreprise allemands se sont montrés peu enthousiastes, inquiets des signes d’essoufflement de la principale économie de la zone euro.
Affaiblie par sa dépendance au gaz russe et au marché chinois, ainsi que par les dysfonctionnements de sa coalition au pouvoir, l’Allemagne a pris conscience des limites de son modèle depuis le début de la guerre en Ukraine. Et ce n’est pas le seul. “L’Allemagne est-elle à nouveau l’homme malade de l’Europe ?” » titrait à la mi-août l’hebdomadaire britannique The Economist , faisant écho à sa célèbre Une de 1999 .
Depuis l’entrée en récession de l’Allemagne au début de l’année, le gouvernement français ne peut s’empêcher de faire des comparaisons. “La France est en train de devenir la locomotive de l’Europe”, a répété Le Maire sur la chaîne d’information française LCI le 12 septembre, soulignant ses “résultats économiques exceptionnels”, quelques jours seulement après que l’Allemagne ait confirmé la contraction de son économie au deuxième trimestre.
“L’année 2023 s’annonce difficile, et nous pouvons légitimement nous inquiéter, notamment de la récession chez nos amis allemands”, a déclaré Le Maire fin août à l’été du Mouvement des Entreprises de France (MEDEF). universitaire, après avoir assuré quelques semaines plus tôt à la radio communautaire juive parisienne Radio J qu’il ne souhaitait pas “gagner un match contre l’Allemagne”. Même le président Emmanuel Macron a eu du mal à résister à la comparaison dans ses propos tenus à ses ministres lors du séminaire du 6 septembre, sans toutefois aller jusqu’à nommer l’Allemagne : « Vous avez de la chance, ministres, dans un pays qui n’est ni en récession ni en austérité. “.