La réunion de jeudi et vendredi – initialement prévue pour le week-end dernier mais ensuite reportée – est intervenue après que les dirigeants de la CEDEAO ont approuvé la semaine dernière le déploiement d’une “force en attente pour rétablir l’ordre constitutionnel” au Niger, dont le président a été renversé le 26 juillet.
Leur sommet, qui s’est tenu jeudi dernier dans la capitale nigériane Abuja, a également réaffirmé la préférence du bloc pour une issue diplomatique.
L’élection du président Mohamed Bazoum en 2021 a marqué un tournant dans l’histoire du Niger, inaugurant le premier transfert de pouvoir pacifique du pays depuis l’indépendance de la France en 1960.
Son éviction a déclenché une onde de choc en Afrique de l’Ouest, où le Mali et le Burkina Faso – également battus par une insurrection djihadiste – ont également subi des coups d’État militaires.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a donné aux dirigeants militaires du Niger un ultimatum d’une semaine le 30 juillet pour restaurer Bazoum ou faire face à l’utilisation potentielle de la force, mais le délai a expiré sans action.
Les analystes affirment qu’une intervention militaire serait risquée sur le plan opérationnel et politiquement dangereuse, compte tenu des divisions au sein de la CEDEAO et des critiques nationales.
Défi et diplomatie
Le régime militaire du Niger a envoyé des signaux mitigés depuis que la crise a éclaté.
Ce week-end, les putschistes ont déclaré qu’ils étaient ouverts à une impulsion diplomatique après que leur chef, le général Abdourahamane Tiani, ait rencontré des médiateurs religieux nigérians.
Ces pourparlers ont eu lieu après que la réunion militaire de la CEDEAO au Ghana a été reportée pour des “raisons techniques”.
Mais dimanche soir, les dirigeants du Niger ont déclaré qu’ils avaient rassemblé suffisamment de preuves pour poursuivre Bazoum pour “haute trahison et atteinte à la sécurité intérieure et extérieure”.
La menace légale a été condamnée avec colère par la CEDEAO, qui l’a qualifiée de contradiction avec la “volonté annoncée” du régime d’explorer des moyens pacifiques. Washington s’est dit “incroyablement consterné”.
La dispute a éclipsé les pourparlers sous les auspices de l’Union africaine (UA) qui ont débuté lundi à Addis-Abeba, réunissant des représentants du régime et de la CEDEAO.
Le président russe Vladimir Poutine a appelé à une résolution “politique et diplomatique pacifique” de la crise lors d’un appel téléphonique avec le chef de la junte malienne, Assimi Goita, a annoncé mardi le Kremlin.
Le Mali a cimenté une alliance avec Moscou depuis son coup d’État en 2020, en acquérant des avions et des hélicoptères russes et en faisant venir des paramilitaires que l’Occident qualifie de mercenaires de Wagner.
Pauvre et instable
Pays enclavé au cœur du Sahel aride, le Niger est l’un des pays les plus pauvres et les plus turbulents du monde.
Bazoum, 63 ans, a survécu à deux tentatives de coup d’État avant d’être évincé, lors du cinquième putsch de l’histoire du pays.
Son éviction porte un coup dur à la stratégie française et américaine au Sahel.
La France a recentré ses opérations anti-jihadistes sur le Niger après s’être retirée du Mali et du Burkina Faso l’année dernière à la suite d’une rupture avec leurs juntes.
L’inquiétude internationale monte pour l’État de Bazoum, sa femme et son fils, qui sont détenus à la résidence officielle du président depuis le coup d’État.
Cet article est initialement publié sur france24.com