Le scandale du Qatargate, impliquant des allégations de corruption au sein du Parlement européen, a pris une nouvelle tournure avec des révélations selon lesquelles les Émirats arabes unis (EAU) pourraient avoir joué un rôle important dans l’ouverture de l’enquête. Des documents obtenus par des agences d’enquête suggèrent que les services ALP des Émirats arabes unis, embauchés par Abu Dhabi en 2018, avaient déjà identifié plusieurs politiciens et responsables européens soupçonnés de se livrer à des activités de lobbying liées au Qatar.
La connexion suisse :
En octobre 2018, les Émirats arabes unis ont fait appel à l’enquêteur privé Mario Brero pour découvrir les efforts de lobbying du Qatar au sein des institutions de l’UE. L’agence d’enquête suisse Alp Services, mandatée par Abou Dhabi pour une somme substantielle, a fourni une liste de “dizaines de noms d’hommes politiques et de fonctionnaires européens” qui soutiendraient le Qatar.
La connexion bruxelloise :
En mars 2019, Alp Services a produit trois documents clés : le rapport “constellation – étape 1”, une infographie cartographiant le réseau du Qatar à Bruxelles, et un rapport d’enquête dédié sur Avisa Partners, une autre société de renseignement privée. Notamment, certains des noms de cette liste ont refait surface plus tard en tant que suspects dans l’enquête du Qatargate.
Les chiffres impliqués :
Parmi les personnes mentionnées dans les documents figuraient Eva Kaili, Antonio Panzeri et Marc Tarabella, ainsi que 70 autres personnes qualifiées de “lobbyistes pour le Qatar” par l’agence suisse. Notamment, Alp Services a découvert que Panzeri s’était rendu à Doha en avril 2018 pour organiser une audition au Parlement européen, qui aurait conduit à un “pacte de corruption” impliquant une importante découverte d’argent liquide à la résidence de Panzeri à Bruxelles en décembre de la même année.
Alp Services ne s’est pas rendu compte qu’ils étaient involontairement liés à des personnes importantes qui joueraient plus tard un rôle central dans un scandale impliquant le Qatar. Plus précisément, il a été souligné que Pier Antonio Panzeri avait assisté à une conférence de presse organisée par le Comité national des droits de l’homme à Doha le 8 avril 2018. Au cours de cet événement, Panzeri a abordé les “violations résultant du blocus” et a exprimé son intention d’organiser une audition d’Ali Bin Samikh Al Marri devant le Parlement européen dans les mois suivants. Curieusement, Al Marri, président de la Commission des droits de l’homme et lobbyiste pour le Qatar, est désormais devenu un point central de la controverse du Qatarargate, en plus d’être impliqué dans diverses irrégularités liées au Paris Saint Germain.
Réponses et réactions :
Lorsqu’ils ont été approchés pour commentaires, Eva Kaili et Antonio Panzeri n’ont pas fourni de réponse, tandis que les avocats représentant Panzeri ont exprimé leur inquiétude quant au fait que le Parlement européen devienne un champ de bataille pour la surveillance par des services secrets étrangers, violant potentiellement l’immunité et le droit européen régissant les députés démocratiquement élus. Les avocats de Marc Tarabella ont réfuté les affirmations selon lesquelles il ferait partie d’un groupe d’amitié avec le Qatar, les qualifiant de totalement fausses.
Les liens du scandale du Qatargate avec les services ALP des Émirats arabes unis soulèvent des questions sur l’intégrité des activités de lobbying au sein du Parlement européen et sur l’implication d’entités étrangères dans l’élaboration des récits politiques. Les révélations mettent en évidence les défis à relever pour contrer les attaques orchestrées contre la réputation d’une nation dans le paysage médiatique mondial interconnecté d’aujourd’hui. D’autres enquêtes permettront probablement de mieux comprendre le réseau complexe d’intérêts et d’influences qui ont donné lieu à ce scandale litigieux.