Le président français a appelé l’UE à mettre en œuvre sa politique déclarée d'”autonomie stratégique” et a fait valoir que le bloc pourrait devenir un “troisième pôle” aux côtés de la Chine et des États-Unis.
Le président français Emmanuel Macron a réitéré ses appels à l’UE pour qu’elle maintienne une politique étrangère indépendante dans une interview accordée dimanche au quotidien économique français Les Echo.
“Nous ne voulons pas entrer dans une logique bloc contre bloc”, a-t-il déclaré, estimant que l’Europe “ne doit pas être prise dans un dérèglement du monde et des crises qui ne sont pas les nôtres”.
Ces remarques font suite à une visite en Chine de Macron et d’autres responsables de l’UE, qui comprenait une rencontre avec le président chinois Xi Jinping. Entre autres questions, les dirigeants ont discuté des tensions autour de Taïwan et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Macron appelle à “l’autonomie stratégique” de l’UE
Le chef de l’Etat français a souligné ce qu’il considérait comme la nécessité pour l’UE de développer une “autonomie stratégique”, un terme utilisé pour désigner le bloc maintenant une ligne de politique étrangère indépendante.
“L’Europe n’avait pas construit cette autonomie stratégique depuis longtemps”, a-t-il déclaré. Mais “maintenant la bataille idéologique est gagnée”.
“Il y a cinq ans, l’autonomie stratégique était une chimère. Maintenant, tout le monde en parle”, a-t-il déclaré.
Macron a déclaré que les États membres de l’UE devraient éviter de devenir des “vassaux” et que le bloc pourrait fonctionner comme un “troisième pôle” géopolitique aux côtés des États-Unis et de la Chine. Il a mis en garde contre le fait de suivre la politique étrangère américaine comme un “réflexe de panique”.
Le président français a également appelé à une augmentation des dépenses militaires, déclarant: “L’histoire s’accélère, l’économie de guerre européenne doit être accélérée en parallèle.”
“L’industrie de la défense européenne ne répond pas à tous nos besoins et reste très fragmentée”, a-t-il dit, arguant que cela amène l’UE à s’appuyer sur des fournisseurs américains et asiatiques.
Macron a déclaré qu’il était important pour Bruxelles de “comprendre” le raisonnement de la Chine en ce qui concerne Taïwan.
“En tant qu’Européens, notre préoccupation est notre unité”, a-t-il déclaré. “Les Chinois sont également soucieux de leur unité, et Taiwan est une composante [de cette unité] de leur point de vue.”
Macron a souligné qu’il n’est pas dans l’intérêt de l’UE qu’il y ait une escalade des tensions autour de Taïwan. Il a averti que le bloc pourrait devenir un adepte d’un “rythme américain” et d’une “réaction excessive chinoise” sur l’île.
Les tensions à propos de Taïwan ont augmenté au cours des derniers mois. La Chine mène actuellement une série d’exercices militaires autour de l’île.
Macron rencontre Xi à Pékin
Vendredi, Macron – avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et d’autres responsables – a rencontré le président chinois Xi Jinping.
Les dirigeants de l’UE espèrent convaincre Pékin de jouer un rôle plus important dans les tentatives visant à mettre fin à l’invasion russe de l’Ukraine.
Les médias d’Etat chinois avaient salué la visite de Macron comme une opportunité “d’insuffler un nouvel élan et de donner une nouvelle vitalité aux relations sino-européennes”.
L’Elysée a indiqué que les pourparlers ont été « denses et francs ». Il a également déclaré que Macron était préoccupé par “les tensions croissantes dans la région” qui pourraient conduire à un “terrible accident”.
Cet article a été initialement publié sur nationalheraldindia.com